Laisser partir les fantômes

20:02 Vanessa 0 Comments

Ce matin, je me suis réveillée avec un sentiment bien étrange... Un sentiment de perte et un sentiment de vide...

J'ai rêvé...

Ma marraine avait disparu depuis deux semaines, impossible de retrouver la moindre trace et j'entamais des recherches.

Je suis partagée entre le fait d'aimer rêver d'elles deux et de détester ça pour le trou béant que ça ré-ouvre quand je me réveille. J'ai déjà parlé de la mort de ma mère mais pas de celle de Mimi...et je me rends compte de la violence de sa disparition. Ma mère avait un cancer, on s'y préparait (même si c'est toujours difficile) on a eu le temps de se parler et de se dire "adieu" mais ma marraine, elle, ça a été si soudain.

Cela faisait des mois qu'on ne se parlait plus, on s'est engueulées sur des sujets, qui, avec le recul, étaient tellement merdiques...Puis, le jour de mon anniversaire, j'ai décroché mon téléphone et je l'ai appelée. Elle semblait vraiment faible...elle m'a dit que le médecin passerait à 16h30 et qu'il ne fallait pas que me fasse du soucis. Au pire, elle se ferait hospitaliser 1 ou 2 jours grand max pour son estomac mais elle insistait...rien de grave. Oui, elle minimisait...en me promettant de me tenir au courant une fois le médecin parti.

17h....rien

18h...rien

Je rappelle...ça sonne dans le vide

J'appelle le médecin, il l'a quittée vers 17h et son hospitalisation était prévue pour le lendemain.

Je rappelle...toujours le vide

J'appelle les hôpitaux, inquiète...mais pas de Mimi dans les répertoires d'admissions.

Je rappelle et je me dis qu'elle s'est surement endormie. Je décide de l'appeler le lendemain matin.

Je n'ai finalement pas eu le temps de composer le numéro le lendemain car ma tante m'avait appelée... Une amie proche devait voir mimi tôt le matin et devant les aboiements du chien et les coups de sonnettes, elle a appelé les pompiers.

Ma deuxième maman est décédée le 28 janvier peu après la visite du médecin....

Partie...

Envolée...

J'ai appris par la suite que cela faisait des mois qu'elle s'était repliée sur elle-même, elle avait perdu énormément de poids, ne voulait plus se montrer telle qu'elle était devenue...parce-que oui, elle était coquette. J'ai appris qu'elle avait une cirrhose avancée et que son estomac lâchait. Elle le savait...depuis bien longtemps mais ne m'a rien dit.

Faire le deuil de Mimi s'avère beaucoup plus complexe que celui de ma mère...parce-qu'on a pas eu le temps de se dire "adieu" proprement. D'un côté je lui en veux de ne m'avoir rien dit, et je m'en veux terriblement de ne pas avoir insisté. Comment j'arrive a tourner une page alors que je porte un poids de culpabilité énorme sur mes épaules ?! Celui de ne PAS avoir insisté...par fierté.

Autant vous dire que ma conscience me le rappelle souvent, très souvent.

Je n'ai pas pu m'excuser, je n'ai pas pu lui dire que sans elle, j'étais perdue, je n'ai pas pu lui dire combien elle m'avait manquée. Je sais qu'elle savait que je l'aimais...mais pour moi, à l'heure actuelle, ça ne suffit pas a m'aider a tourner la page.

Mimi était le pilier de notre famille, elle était ma mère, ma confidente, ma meilleure amie. Ce petit bout de femme avait une telle carrure...une telle force. C'est à elle que je dois mes premières odeurs de pain grillé et de chocolat chaud, c'est à elle que je dois mes premières sorties, mes premières confidences qui vont avec, c'est à elle que je dois ma discipline. C'est elle qui guettait mon arrivée aux premières aurores quand je découchais, qui me préparait un bon café et qui me demandais si je voulais en parler....sans jamais me forçer.

Elle me connaissait par coeur... Savait comment faire avec mon caractère compliqué.

Je n'arrive pas a la laisser partir...parce-que je ne comprends pas comment ça a pu se passer de cette manière...

Je suis comme ça...