tout a commençé

20:13 Vanessa 0 Comments

« Et ton père,il fait quoi dans la vie? » il est mort…voici la réponse que je donnais systématiquement quand j’étais plus jeune. Pour moi,c’était un inconnu,basta. A chaque rentrée de classe j’y avais le droit. Puis j’ai commencé a répondre autre chose : J’ai pas de père mais ma deuxième mère elle travaille à la poste. Soit on me regardait avec un air semi interloqué ou soit on m’expliquait que non, on a forcément un papa…

Dans les années 80, en Suisse l’homosexualité était interdite, état qui a duré jusqu’en 1992 (j’avais alors 9 ans et j’ai assez vite compris qu’il ne fallait pas trop en parler, un enfant n’est pas idiot et assimile trèèèèèès bien les choses!). Ma mère se protégeait, ma marraine aussi, c’était normal. Mais même quand la loi a changée, c’était tabou. Déjà qu’être une femme divorcée élevant « toute seule » sa fille était plutôt assez mal vu dans le milieu où ma mère travaillait (une banque mais chut) alors je vous laisse imaginer si son concubinage venait a être découvert. Parce-que oui, elle a trimé beaucoup plus que les autres pour atteindre le niveau qu’elle avait.

Du côté de ma marraine, c’était moins tendu, quelques collègues à elle connaissaient la situation et ne trouvaient rien a y redire, d’ailleurs il n’y avait rien à dire.

Mais moi, à l’école, c’était une tout autre histoire. J’ai dû essuyer beaucoup d’insultes. Ton père t’a abandonnée parce-que t’es grosse. Ta mère est tellement moche qu’elle arrive pas a avoir un homme et j’en passe. Je ne disait jamais rien…muette,mais qu’est-ce que mes poings étaient serrés dans mes poches! Je ne souffrait pas a proprement parler de mon foyer, je souffrait parce-qu’on me différenciait déjà des autres…comme si j’avais une maladie.

Et puis vers l’âge de 9/10 ans , j’ai cessé de m’alimenter. Je gardais tout pour moi, il fallait que ça sorte et…ça s’est manifesté comme ça. Mais c’était plus un sos pour les profs, pour mes petits camarades, façon de dire hé ho, j’en ai marre, laissez-moi vivre normalement et me faites pas chier dans la cour de récré, merci.
Et ma marraine m’a fait craché le morceau…je me souviendrai toujours du jour où elle a débarqué avec son pas sûr, son visage sévère et son long manteau de cowboy qui faisait peur aux gamins. Sur le coup, ça a été la honte…comprenez, on aime rarement que nos parents interviennent mais j’en ai bien rigolé et ça en en a calmé plusieurs.

Malheureusement, cette phase « je ne mange plus » a été très mal interprétée et la venue de ma marraine aussi. C’est là qu’on a commencé a les convoquer a répétition.

La morale de tout ça est que NON, je ne m’étais pas rendue malade parce-que j’avais deux mamans mais parce-que la société et le regard des gens avait commencé a faire de sacrés dégâts alors que je voulais juste être tranquille. Mais un premier psychologue pour enfant face à une petite fille de 10ans, à votre avis, c’est qui qui gagne?










0 commentaires:

Un petit mot?