on a voulu décider de nos vies

17:35 Vanessa 0 Comments

"Votre foyer est désequilibré, Vanessa a besoin d’une structure familiale plus forte…" "Vanessa présente des troubles du comportement, elle manque d’identité, le schéma familial est completement faussé, il lui faut une figure masculine". »

Elles ne m’ont jamais réellement dit tous les ramassis de conneries qu’elles se sont pris en travers de la tête, mais le souvenir d’un sentiment d’injustice m’envahissant reste encore bien encré aujourd’hui.

On m’a assigné un psychologue de l’école, qui a été le premier d’une longue série de moralisateurs à la con. Je m’y rendait parce-que je n’avais pas le choix de décider, j’étais mineure. Ne pas attirer encore plus l’attention sur notre famille, mais j’y allais à reculons car je savais que je ne rentrais pas dans un bureau où on pouvait m’entendre; m’écouter avec bienveillance, non, c’était un endroit de jugements.

"Vanessa, as-tu des figures masculines autour de toi?" Oui j’en avais, mon parrain et son ami. Oui, un couple d’hommes.
"Vanessa, tu n’as pas compris la question, je te parle de vraies figures masculines…




"Ah oui, j’oubliais, c’est vrai qu’un homme gay n’est pas un vrai homme. Au fur et à mesure des ces "entretiens" la boule de dégoût et de haine qui se formait n’a eu cesse de grandir… non,ça ne m’aidait pas,ça me prouvait encore une fois que les adultes étaient de purs imbéciles, qu’ils accusaient mes mamans de tous mes problèmes, que l’homosexualité était juste contre nature.

Je n’ai que des bribes de souvenirs mais la dernière séance avec ce psychologue à été un grand pas pour moi. J’ai enfin ouvert ma bouche. Il m’avait demandé si j’avais bien compris notre travail…  je lui avais répondu tout simplement qu’il n’avait cessé de punir un couple alors qu’il ne s’agissait que d’une pure histoire d’amour entre deux êtres humains. Je lui avais alors demandé pourquoi il punissait ce sentiment… Sa réponse résonne encore :"Je ne punis pas l’amour entre un couple normal, mais là la situation est anormale Vanessa, ce n’est pas de l’amour". »

"…Monsieur, je préfère avoir deux mamans qui s’aiment que d’avoir un papa et une maman qui se déchirent et des exemples j’en ai à la pelle." Je me suis levée et je suis partie soulagée mais si j’avais pu lui casser les dents sur son bureau, je l’aurais fait sans hésiter. Voilà ce que j'en faisais de son jugement...



J'en ai eu quelques autres par la suite, et là aussi c'était du grand n'importe quoi. Les mêmes discours, alors j'ai fini par aller dans leur sens, pour qu'on me foute encore la paix. ça avait l'air de marcher, ils ne détectaient pas que je leur mentait, ça écourtait les séances jusqu'à leur arrêt total. J'ai été tranquille pendant quelques années mais moi qui pensais en avoir terminé avec tout ça, quedalle!

A 14ans, rebelotte. Jugée trop discrète, n'aimant pas me mélanger aux autres, timide et repliée sur moi... elles ont étés reconvoquées et j'ai été "priée" de me rendre le plus souvent possible chez le psychologue d'orientation. Quand j'y repense, des hommes comme lui auraient dû êtres en interdiction d'exercer tellement il a été loin dans son analyse.  Nous étions justement censés travailler sur ma timidité, etc... non, non...ça finissait toujours sur le sujet de mon environnement. Mais quelle fascination étrange pour la relation de mes mères! Je vous passerait toutes les conclusions de sa pseudo-analyse vomitive mais le plus marquant restera : "Tu reproduiras le schéma de ta mère, déséquilibrée tu as plus de risques de tomber enceinte très jeune pour prouver que tu préfères les hommes alors qu'au fond, tu seras partagée comme ta mère". C'est beau à hein?! 

Je n'en ai jamais parlé, ça avait été et ça reste d'une violence inimaginables pour mes oreilles, je l'ai rangé dans un tiroir secret pour ne plus jamais avoir a le ressortir un jour...

Jusqu'à aujourd'hui...




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